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" La Chanteuse et le Président, version OFF "
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30 novembre 2011

CHAPITRE 5

 

 

 

En ouvrant les yeux ce matin-là, Nikolaï n'avait qu'une idée en tête : appeler Carolina pour qu'ils fixent un rendez-vous. Il avait eu beaucoup de mal à s'endormir, déroulant dans sa tête tous les scénarios possibles et imaginables pour la rallier à sa cause.
Et, en dernier lieu, il s'était endormi sur la conclusion qu'après tout, avant de proposer un contrat à Carolina, il pouvait peut-être tenter de la séduire... Qui sait, peut-être avait-elle, elle aussi de son côté, ressenti une attirance pour lui ?...

 

Nikolaï était donc d'une humeur charmante en arrivant à son bureau. Comme il était à peine neuf heures, il n'osa pas tout de suite appeler Carolina de peur de la réveiller. Pourtant, il bouillait d'impatience. Il étudia l'emploi du temps que Bénédicte lui avait remis en arrivant, et repéra les quelques plages libres qui s'en détachaient. La chance était avec lui, il n'avait aucun déjeuner obligatoire de prévu, et aucun cocktail dinatoire non plus. Il avait donc la possibilité d'inviter Carolina à déjeuner, ou mieux encore, à diner.
Nikolaï y vit un signe que l'affaire se présentait bien.

 

Essayant de potasser les dossiers en cours, Nikolaï se rendit bientôt à l'évidence qu'il n'arrivait pas à se concentrer et qu'il devait lire chaque phrase deux ou trois fois avant d'arriver à en dégager un sens global. Au bout d'une demi heure, n'y tenant plus, il alluma son ordinateur, demanda à Bénédicte de n'être dérangé sous aucun prétexte et se replongea avec délice dans les notes doucereuses de sa promise. Parce que Carolina était bien sa promise, il n'était plus question d'en douter : il y avait bien une raison si le hasard l'avait mise sur son chemin, non ?
L'interrogation la plus pressante de Nikolaï était désormais de savoir si le hasard lui avait amené sur un plateau une nouvelle histoire d'amour qui allait voir le jour, ou seulement le moyen par lequel sauver son mandat présidentiel à la face du monde, en rendant réalisable le scénario qu'il avait lui-même élaboré la veille...

 

Enfin l'heure arriva pour Nikolaï de composer le numéro de Carolina. Les sonneries se succédaient, puis enfin cessèrent :
" Bonjour, vous êtes bien sur la messagerie vocale de Carolina Baroni. Je ne suis pas disponible pour l'instant, mais vous pouvez me laisser un message après le signal sonore, je vous rappellerai dès mon retour. Biiiip".


"Mince !" pensa Nikolaï, il n'avait pas songé une minute qu'elle pourrait ne pas être disponible pour son appel. Il raccrocha ne sachant trop quel message laisser. Qu'allait-il lui dire, il la connaissait si peu...
-- " Bonjour Carolina, ici Nikolaï Sherkan, je vous appelle pour vous inviter à diner ce soir. Rappelez-moi dès que vous le pourrez."
Cela faisait peut-être un peu trop familier et direct, et il ne pouvait pas lui laisser son numéro personnel d'emblée sans en avoir appris plus sur elle.

-- " Bonjour Madame Baroni, je suis Nikolaï Sherkan. Nous nous sommes rencontrés hier chez Monsieur Horlando, et je serai ravi si vous acceptiez de diner avec moi ce soir."
Le "Madame Baroni" était cette fois un peu trop formel. comment pouvait-il s'adresser à elle ? Et puis, lui rappeler leur rencontre chez Horlando était peut-être futile...

-- " Bonjour ! Nikolaï Sherkan à l'appareil, j'entends que vous n'êtes pas disponible pour l'instant, je vous rappellerai plus tard."
A ce moment-là, pourquoi lui laisser un message, autant la rappeler plus tard, un point c'est tout !
C'était finalement plus compliqué que Nikola¨ne l'avait imaginé en s'endormant la veille au soir. Il avait mis au point toute une stratégie de conversation, mais n'avait pas pensé à l'hypothèse de tomber sur un répondeur...

 

Nikolaï recomposa le numéro de Carolina, et laissa sonner cinq fois avant que la messagerie ne s'enclenche à nouveau. Il écouta la voix de Carolina et attendit à nouveau le bip pour raccrocher sans laisser de message encore une fois.
La matinée se passa ainsi en pointillés, puisqu'il essaya une bonne trentaine de fois de la joindre entre dix heures et onze heures trente sans succès. Incapable de fixer son attention sur autre chose, il sentait monter en lui une certaine tension. Heureusement midi  approchant, Bénédicte lui annonça l'arrivée d'Henri.

-- Ah Henri, tu tombes bien ! J'essaie de joindre Carolina depuis plus d'une heure sans y parvenir... et je commence à perdre patience. Qu'as-tu trouvé d'intéressant à son sujet ?

 

-- Bonjour Nikolaï ! Je vais bien merci... lança ironiquement Henri.
C'est sûr que tu n'arriveras pas à la joindre ce matin ta Carolina. D'après mes renseignements, elle doit être arrivée à Roissy à l'heure qu'il est. Elle prend un vol pour Los Angeles, où il semblerait qu'elle ait pour projet de séjourner quelques jours ou semaines... mais je n'en connais pas précisément les motifs. Mais comme tu m'as demandé de la mettre sous surveillance, deux de mes agents embarqueront sur le même vol. Tu peux me remercier pour ma réactivité dans la mise en action de tes ordres !

 

-- Comment ça, elle part pour quelques jours ou semaines à Los Angeles ?... Mais ça n'est pas possible, ça ne m'arrange pas du tout !

 

-- Écoute, moi j'y peux rien ! Je te dis juste que c'est ce que nous avons trouvé, et que j'ai pris les mesures nécessaires pour conduire la mission de surveillance dont tu m'as chargé. Que veux-tu de plus Nikolaï ?

 

-- Il faut l'empêcher de monter dans cet avion : elle ne partira pas pour Los Angeles avant que j'ai pu lui parler ! Je ne sais pas, trouve une idée, n'importe quoi, détourne l'avion, simule une alerte à la bombe, mets le feu au terminal, inonde les pistes...
Fais ce que tu veux Henri, mais nom de Dieu, ramène-moi la !

 

-- Calme-toi Nikolaï, je ne peux quand même pas faire n'importe quoi, il y a aussi d'autres passagers dans l'avion... Non mais tu te rends compte de ce que tu es en train de me dire ?...
Tu sais, je crois que Charles a raison, tu ne vas pas bien en ce moment...

 

-- C'est faux, je vais très très bien au contraire et je suis tout à fait lucide ! Mais si tu ne me la ramènes pas avant ce soir, alors là oui, je n'irai pas bien. M'as-tu bien entendu Henri ? Je te dis que tu as carte blanche complète, je couvre tout, absolument tout, mais je t'en supplie : arrête cet avion !

 

Henri sentait bien qu'il était vain d'essayer de faire entendre raison à Nikolaï. Il consulta sa montre, ouvrit le dossier qu'il tenait encore sous son bras, feuilleta quelques pages avant de dire sur un ton monocorde quasi désespéré :
-- L'avion décollera dans vingt cinq minutes Nikolaï... Je ne pourrais pas l'empêcher de partir... Et il y a encore autre chose...

 

-- Quoi encore ? explosa Nikolaï.

 

-- Mélina se trouve dans le même avion. Rappelle-toi, elle partait pour Los Angeles ce matin elle aussi...

 

-- Mais qu'est-ce qu'elles ont toutes à vouloir aller à Los Angeles ?... Hein ?... Est-ce que j'y vais moi, à Los Angeles ?...
Une lueur passa dans le regard de Nikolaï, qui s'arrêta ainsi un instant de parler comme s'il finalisait d'un coup une idée mûrie de  longue date :
-- Et si j'y allais moi aussi à Los Angeles, hein ?... Tu ne crois pas que ce serait une bonne idée ?... En partant tout de suite, je pourrais peut-être même arriver avant elle et la rencontrer par hasard à l'aéroport là-bas... Qu'est-ce que t'en penses ?...

 

-- Je te rappelle que se tient le Congrès Annuel des Anciens Combattants demain, et qu'il serait très malvenu que tu t'y distingues par ton absence !

 

-- Pfff... Je vais m'y ennuyer à mourir toute la journée, à écouter leurs récits interminables de guerre et de résistance !

 

-- Peut-être que tu vas t'y ennuyer, je ne dis pas le contraire, mais au cas où tu l'aurais oublié, ils sont une partie non négligeable de ton électorat, et que la première obligation d'un Président est d'être au service de sa Nation et de son peuple... et non de courir à l'autre bout du monde aux frais de la princesse, pour aller batifoler avec un top modèle déchu des podiums, qui s'est mis en tête de devenir la nouvelle star de la chanson de la planète !!!

 

Henri avait haussé le ton et parlé très sèchement à Nikolaï. La nuit éprouvante qu'il avait passée à interroger les archives informatiques l'avait laissé dans un état de fatigue avancée, et il n'était pas d'humeur à passer tous ses caprices à Nikolaï. Ce dernier comprit bien à son ton qu'il commençait à abuser s'il ne parvenait pas à reprendre un peu d'emprise sur ses émotions.

 

-- Excuse-moi Henri, tu as tout à fait raison, je dis n'importe quoi... Je te remercie de ta franchise... Tu as raison, toute cette affaire me monte au cerveau. Je ne peux pas me rendre à Los Angeles, j'ai des responsabilités ici.

 

Henri fut soulagé d'entendre que Nikolaï redevenait raisonnable, et se dirigea vers le mini bar pour s'y servir un verre. A peine commençait-il à déguster ce dernier qu'il faillit avaler de travers en entendant la suite des paroles de Nikolaï :

-- Mais il faut quand même que tu trouves un moyen d'arrêter cet avion... Si je ne vais pas à, Los Angeles, Carolina Baroni non plus, n'ira pas à Los Angeles. Parce que ce soir, elle dinera avec moi !

 

-- Mais bon sang de bon sang, comment veux-tu que je fasse ça ?... Je ne suis pas Superman, je ne peux pas empêcher les avions de voler !

 

-- Tu m'as bien dit que deux de tes agents étaient à bord, non ?  

-- Oui.

 

-- Eh bien contacte-les ! Demande-leur de prendre contact avec le commandant de bord, et de les informer qu'au nom de la sécurité nationale, l'avion ne doit pas décoller et doit immédiatement débarquer tous les passagers, qu'une menace terroriste a été reçue, et que nous ne voulons prendre aucun risque... d'autant que Mélina est à bord elle aussi !
Le fait que deux agents aient embarqué dans cet avion prouve complètement que nous étions dans l'attente d'un évènement de ce genre, non ?...
C'est un scénario tout à fait plausible...
Ensuite tu appelles toi-même Roissy et tu leur inventes ce que tu veux pour qu'aucun vol ne parte pour Los Angeles aujourd'hui ! Dis-leur qu'il y a du grabuge dans les mosquées en-dessous ou un truc du genre, je sais pas moi, fais marcher ton imagination !... Je ne vais pas te donner un cours de baratin...

 

Henri n'en revenait pas, Nikolaï avait une faculté d'assaisonner les choses à sa façon, sans aucun scrupule ni complexe : Nikolaï voulait, Nikolaï devait obtenir. Cet axiome simple régissait toute la vie politique depuis qu'il avait pris ses fonctions.
Mais que pouvait-il opposer à cette volonté farouche, lui, Henri Nylon ?...
Il soupira un grand coup, marquant par là qu'il se désengageait de la discussion, et qu'il était résolu à accomplir sa mission, quoi qu'il puisse en coûter...
Il sortit son téléphone portable et composa le numéro de l'agent responsable de la mission de surveillance.

 

**********

 

Flash d'information spécial

 

" Nous apprenons à l'instant qu'un vol de la Compagnie Air France qui était sur le point de décoller vers midi d'un terminal de Roissy, a été contraint de rester au sol et de débarquer tous ses passagers, en raison d'un menace terroriste reçue par le Quai d'Orsay.

 

Les 143 passagers du vol ont été débarqués sains et saufs, et mis en quarantaine à l'intérieur de l'aéroport, les menaces terroristes ne reposant pas cette fois, comme à l'accoutumée sur la présence d'une bombe déposée à l'intérieur de l'appareil, mais sur une menace sanitaire.
En effet, pour la première fois sur notre territoire, des armes terroristes d'un nouveau genre auraient été utilisées. Des germes d'un virus rare auraient été intentionnellement libérés par le biais des canalisations d'air conditionné de l'avion. Ces germes à propos desquels on ignore tout, pourraient avoir atteint les passagers, les exposant à de graves conséquences du point de vue de leur santé, mais aussi faisant courir le risque d'une contamination du pays à plus grande échelle.
Une équipe de médecins urgentistes a été dépêchée sur les lieux afin d'examiner chacun des passagers et d'évaluer les risques de contamination.

 

Nous n'en savons pour l'instant pas plus sur cet attentat, et nous ne manquerons pas de vous tenir informés dès que de nouveaux éléments seront portés à notre connaissance."

 

**********

 

Alors là !... Nikolaï devait reconnaitre qu'Henri avait fait très fort. Il n'aurait pas pu élaborer un meilleur scénario. Nikolaï était soulagé et ravi qu'Henri ait trouvé cette solution : non seulement Carolina n'était pas partie, mais en plus il pouvait la faire retenir aussi longtemps qu'il le voudrait pour des raisons sanitaires évidentes.
Nikolaï appela immédiatement Henri :

-- Bravo Henri ! tu as été génial !... Je me rends immédiatement à Roissy. La présence de Mélina dans cet avion me donne un alibi tout trouvé, et je pourrais ramener moi-même Carolina à Paris. J'aurai ainsi tout le trajet entre l'aéroport et son appartement pour faire sa connaissance.
C'est encore mieux que de l'inviter à diner au restaurant, non ?...

 

-- Et Mélina ?  

-- Quoi Mélina ?  

-- Tu la ramènes aussi ?

 

-- Ben non, pourquoi je la ramènerai ? ... Mélina n'a qu'à partir pour Los Angeles sur un autre vol. Fais-lui affréter un de nos avions militaires ou réquisitionne un jet de ma part. Dis-lui qu'il nous fallait arrêter l'avion pour intercepter un passager sans que l'attention puisse être portée sur lui, ou je ne sais quoi, et que cette histoire de risques sanitaires est bidon, elle comprendra...
Je t'en prie, débrouille-toi avec Mélina, et fais-moi mettre Carolina de côté ! Après le tour de maitre que tu viens de nous jouer, cela ne devrait pas te poser de problème, hein ?...

 

-- Je ne cherche même plus à discuter Nikolaï... 

-- Merci ! Merci Henri !... Si tu étais là, je crois bien que je t'embrasserai, tiens !
Henri soupira et raccrocha sans rien ajouter.

 

Nikolaï informa Bénédicte de son départ précipité pour Roissy au vu des évènements qui étaient survenus, lui demandant de reporter tous ses rendez-vous, étant donné le caractère éminemment préoccupant de la situation.
Officiellement, il allait au devant de Mélina s'assurer que tout allait bien pour elle, et ne rentrerait que tard dans l'après midi, qu'elle note bien tous ses appels, et ne lui transmette que ceux qui présentaient un caractère d'absolu nécessité, et qu'au pire, elle tente d'abord de joindre Fillerman pour les dossiers exigeant un accord ou une signature immédiate.
Dégagé de ses obligations, Nikolaï pouvait partir la conscience tranquille affronter la terrible épreuve de Roissy, dont finalement personne ne savait grand chose pour l'heure. Et d'ailleurs, lui non plus....

 

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Commentaires
" La Chanteuse et le Président, version OFF "
  • L'imagination étant toujours plus forte que le savoir, la vie des personnages publics se transforme dans nos esprits pour donner vie à de nouvelles entités complètement irréelles, qui vont leur propre chemin...
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