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" La Chanteuse et le Président, version OFF "
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30 novembre 2011

CHAPITRE 3

 

 

 

Horlando habitait un petit hôtel particulier dans le septième arrondissement de Paris. Pendant que la voiture se faufilait doucement parmi les files de voitures, Nikolaï laissa vagabonder ses pensées et réflexions. Il trouvait notamment que les vitres en verre fumé l'empêchaient d'apprécier ses déplacements en lui assombrissant par trop les paysages. Il avait toujours l'impression de se déplacer à la nuit tombée un soir morne d'hiver, et au lieu de pouvoir admirer les rues, les vitrines, les monuments, regarder les gens s'affairer, bref en un mot, observer son "peuple" vivre, il se sentait comme un handicapé à vision réduite.
Puis son esprit se fixa sur son entrevue avec Horlando : comment allait-il aborder le sujet qui le préoccupait...

 

L'échange téléphonique avec Horlando avait été plutôt bref, Nikolaï évitait de trop discourir au téléphone, car il était bien placé pour savoir qu'il n'y a rien de moins confidentiel que le téléphone, à part Internet évidemment. En fait, rompu qu'il était à toutes les techniques du renseignement, Nikolaï était devenu quelqu'un d'extrêmement méfiant, et l'accession à la présidence le rendait encore plus vigilant, voire concernant cette affaire en particulier, presque paranoïaque. aussi avaient-ils convenu, Horlando et lui, de se voir à son hôtel particulier en fin d'après-midi, où Nikolaï pourrait lui expliquer plus confortablement le service qu'il s'apprêtait à lui demander.. Horlando avait bien compris que si Nikolaï l'appelait de cette façon à son secours, c'est que l'affaire devait être conséquente et confidentielle. Même s'il ne savait pas du tout à quoi s'attendre, il avait rassuré Nikolaï de son entier dévouement à cette "mission", qu'il considérait comme un honneur.

 

Horlando était originaire du Moyen-Orient, il avait émigré en France vers la fin des années cinquante, encore tout jeune homme, et avait réussi à se faire un nom dans le show business, essentiellement par ses qualités d'entremetteur et d'organisateur de rencontres improbables. Il était celui par lequel tout pouvait arriver... Sa vie était une suite d'aventures rocambolesques, dont la plupart ne lui étaient pas vraiment arrivées, mais avec lesquelles il se constituait un passé pour supporter les périodes les plus sombres de sa vie.
Peu de choses l'avaient épargné, mais il s'était toujours relevé, plus fort et plus digne encore. Horlando avait un mental de survivant, une foi hors du commun, et ne devait sa réussite qu'à lui-même. De véritables amis, il en avait peu, sa méfiance le rendait souvent inaccessible aux autres, mais Nikolaï et lui avaient scellé une amitié très forte, étant tous deux hommes d'une parole fidèle et sincère une fois celle-ci donnée. Cette amitié remontait à quelques années déjà, à un moment où Horlando avait touché le fond, sans savoir s'il arriverait à rebondir cette fois là tant les coups qui lui avaient été portés avaient été bas, et l'avaient heurté profondément. Nikolaï lui avait sauvé la mise alors, et peut-être même la vie.

 

Mélina appréciait peu la vie de paillettes d'Horlando, qu'elle trouvait superficiel, cultivé et sans intérêt, toujours à l'affût des potins et d'une hypocrisie qui la mettait mal à l'aise. Elle n'avait jamais compris que  cela n'était qu'une des faces d'Horlando, la plus visible, certes, mais pas la seule. Sous cette naïveté et cette superficialité, Nikolaï, lui, avait trouvé un être doué d'une sagesse intérieure rare. Cette frivolité que Mélina reprochait à Horlando, c'était simplement son passeport pour la tranquillité, et un outil efficace pour s'attirer les confidences les plus personnelles. Il n'abusait jamais des gens, sachant suffisamment les évaluer pour ce qu'ils étaient au premier coup d'œil, mais il écoutait toujours attentivement. Horlando était un fin psychologue, et possédait un humanisme naturel qui l'incitait toujours à comprendre les autres avant de les juger. Et dans le milieu qui était le sien, cette qualité était un bien rare et précieux pour ceux qui avaient la chance de le rencontrer sur leur chemin et d'entrer dans son cercle.

 

La voiture s'arrêta devant le grand portail vert de l'hôtel particulier d'Horlando. Nikolaï regarda sa montre : il était cinq heures cinq. Il laissa une feuille de route à l'arrière de la voiture, mentionnant l'heure probable à laquelle il partirait de chez Horlando, en informa par oral le chauffeur et descendit du véhicule.
Horlando l'attendait et il n'eut pas le temps de sonner à l'interphone que le portail s'ouvrit, découvrant un Horlando radieux, qui s'avança avec empressement à son devant les bras ouverts pour le saluer.

 

-- Nikolaï, que je suis content de te voir !

 

-- Bonjour Horlando ! Tu as une mine superbe dis donc !

 

-- Oui, oui... Je ne me plains pas en ce moment... Entre ! entre vite ! J'ai une surprise pour toi...

 

-- Une surprise ?...

 

-- Oui, tu vas voir, une charmante surprise, qui va te faire retrouver le sourire...

 

-- J'ai hâte de la découvrir alors...

 

Les deux hommes pénétrèrent dans le grand patio de l'hôtel. Des plantes immenses déployaient leurs feuillages de toutes parts, et au milieu se tenait une fontaine d'esprit un peu bouddhique. Des oiseaux de volière et des papillons s'ébattaient là en toute liberté dans le patio, retenus seulement par quelques filets tendus devant les portes et les fenêtres. L'immense toiture de verre permettait à tout cet écosystème de se développer en toute liberté et en toute sérénité. C'était un endroit magique et insolite, quasiment digne d'une scène des Mille et une Nuits, niché en plein coeur de Paris. Horlando avait ce goût de la démesure et savait rendre à chaque lieu qu'il occupait une atmosphère unique et particulière, grâce à ce talent inné pour la décoration certainement hérité de ses ancêtres moyen-orientaux.

 

-- Tu en as de la chance de vivre dans un tel paradis, Horlando... On ne s'imagine même plus à Paris...

 

-- Oui, je sais... C'est une de mes plus belles réussites ce patio ! Regarde, là j'ai commencé à faire installer un mur végétal sur la cloison du fond. Et dans quelques mois, les plantes seront tellement développées qu'on aura l'impression d'être au coeur de la jungle... Tu viendras voir ça, hein ?...

 

-- C'est magnifique, tout simplement magnifique Horlando... Je vais proposer de redécorer l'Assemblée Nationale de cette façon tiens... plaisanta Nikolaï.

 

Horlando précédait Nikolaï et marchait d'un pas vif, il semblait réellement très pressé de montrer sa surprise à Nikolaï. Il écarta avec précaution les filets tendus sur la porte du fond, puis l'ouvrit.

 

-- Après toi, je t'en prie !

 

-- Merci...

 

Nikolaï était maintenant dans le vestibule d'entrée qui menait aux salons de réception. Horlando referma prudemment la porte, et fit signe à Nikolaï de le suivre, mais avant il s'approcha de son oreille et lui murmura comme un secret délicieux :

 

-- Tu vas voir... Elle est délicieuse... divine...

 

Nikolaï ne savait pas du tout à quoi s'attendre. Horlando étant avant toute chose, un original, il était impossible de savoir ce qui se trouvait derrière la porte : une oeuvre d'art titanesque, un animal exotique, vivant ou empaillé dont il se serait entiché, une plante d'ornement préhistorique qu'il aurait réussi à faire cloner, une de ses nouvelles tenues de soirée exubérantes, une personne en vue, connue ou en passe de devenir une nouvelle star, ou même juste une tarte aux pommes qu'il aurait confectionnée pour le goûter... Avec Horlando, la seule impossibilité que Nikolaï reconnaissait, était celle de ne pas être surpris...

 

-- Voilà ma chérie... J'espère que je ne t'ai pas fait trop attendre...

 

Au beau milieu de la pièce, sur un sofa recouvert de satin et de fourrure, dans un style très kitsch, attendait une très jolie femme. Horlando adorait la compagnie des femmes, des très belles femmes. Il avait un instinct et un goût sûr pour les juger et les évaluer au premier coup d'œil. C'était d'ailleurs pour cette qualité particulière que Nikolaï avait immédiatement songé à lui car il savait qu'il pouvait lui faire entière confiance en ce domaine, d'autant qu'Horlando n'avait jamais sur elles qu'un point de vue d'esthète, leur préférant sans ambiguïté la compagnie des hommes pour les relations plus personnelles et intimes.
Celle-ci était particulièrement bien choisie. Dotée d'un petit minois de chat, avec de grands yeux clairs bien dessinés, une silhouette longiligne, un port de tête altier, des mains de fée interminables. Nikolaï trouva la surprise plutôt agréable... voire comme l'avait annoncé Horlando, divine...

 

--- Mais non, Horlando, tout va bien...

 

-- Ma chérie, laisse moi te présenter mon grand ami Nikolaï, dont... sans doute, tu as entendu parler récemment...

 

La jeune femme émit un petit rire mutin, découvrant une dentition impeccable.

 

-- En effet. Il faudrait que je sois un ermite isolé sur une île déserte pour n'en avoir pas entendu parler... Bonjour Monsieur Sherkan ! Je suis vraiment enchantée de faire enfin votre connaissance...

 

-- Bonjour Mademoiselle... ?

 

-- Madame ! Je m'appelle Carolina. Carolina Baroni.

 

Nikolaï prit dans les siennes la main que Carolina lui tendait, et la serra avec douceur. Dans le même temps, ses yeux plongèrent dans le regard azur de cette surprise inattendue, et il se sentit à l'instant, séduit par cette créature.

 

-- Enchanté Madame Baroni !

 

-- Alors Nikolaï ? N'est-elle pas divine, ma Carolina, hein ?...Elle est en pleine reconversion en ce moment, et je suis ravie qu'elle soit venue me demander de l'aider à rencontrer les bonnes personnes. Il y a tellement d'illusionnistes dans la chanson...

 

-- Ah... vous êtes dans la chanson ?

 

-- Oui. Je suis auteur compositeur et interprète. J'ai déjà sorti un album il y a deux ans, vous n'en avez pas entendu parler ?...

 

-- Je... hem... Je suis désolé, mais je crains bien que non. Pourtant, il me semble que votre visage ne m'est pas tout à fait inconnu...

 

-- Evidemment que son visage ne t'est pas inconnu Nikolaï ! Carolina est un des plus grands mannequins de tous les temps. Elle a posé pour les plus grands photographes et défilé pour presque tous les grands couturiers. Enfin ! Regarde-là mieux !.. Tu n'as jamais ce beau visage angélique en couverture des magazines ?

 

-- Eh bien, sans doute... Je ne sais pas. Vous savez, je ne lis guère les magazines de mode...

 

-- Bon, eh bien, je vais prendre congé, je ne veux pas m'immiscer dans votre entrevue. J'ai été ravie de faire votre connaissance Monsieur Sherkan. Horlando... Je compte sur toi pour notre affaire, hein ?....

 

-- Bien sûr mon ange ! Sois tranquille, Horlando va faire des miracles comme d'habitude. Prends bien soin de toi ma chérie. Je t'appelle !

 

-- Mais vous ne nous dérangez pas Madame Baroni. Je ne voudrais pas avoir l'impression de vous faire fuir... Restez donc bavarder un peu, je vous en prie... Je suis tout à fait enchanté de votre présence inattendue.

 

-- C'est gentil à vous Monsieur Sherkan, mais je ne peux pas rester plus longtemps, j'ai un gala de charité qui m'attend ce soir, et une affaire urgente à régler. Mais peut-être aurons-nous l'occasion de nous revoir en d'autres lieux, qui sait... Croyez bien qu'il me serait très plaisant de faire plus amplement votre connaissance. vous êtes quelqu'un de très charismatique, bien que je ne partage pas tout à fait vos idées politiques.

 

Sur ce, la belle se leva et déploya son mètre quatre vingt cinq jusque là resté impassible sur le sofa. Nikolaï tenta de tendre sa colonne au maximum et de se hisser légèrement sur la pointe des pieds, mais, mais comme ça, elle le dépassait ostensiblement. Pendant que Horlando raccompagnait Carolina, Nikolaï resta seul un  moment dans le petit salon.
Nikolaï était très complexé par sa taille. Il considérait comme injuste le fait qu'un homme comme lui, n'ait pas un physique à la hauteur de ses ambitions : un mètre soixante dix... Quelle misère !... Il en souffrait quotidiennement par les quolibets qu'il devait essuyer de la part de ses détracteurs, qui pour mieux l'atteindre, raillaient toujours sa taille sans aucune honte ni pudeur. La valeur d'un homme ne se mesure pas en centimètres, se disait-il toujours pour se réconforter. Mais quand même...

 

-- Je l'adore ! Il n'y a pas d'autre mot Nikolaï, je l'adore cette femme ! Elle est d'une compagnie délicieuse, et d'une intelligence rare pour un mannequin. rien à voir avec ces écervelées potichardes qui n'ont aucune conversation ni culture. Et puis, Carolina a aussi des convictions très intéressantes. C'est une femme de tête tu sais...

 

-- Elle semble en effet être une personne remarquablement intéressante... à tous points de vue...

 

-- Oh coquin, va, je vois bien ce que tu veux dire ! Sacré Nikolaï ! Remets toi les yeux en face des trous, et n'oublie pas que : primo, tu es marié, et secundo, au vu de ta position maintenant, les aventures d'un soir ne sont pas à te conseiller...

 

Nikolaï sourit, Horlando avait bien remarqué le trouble dans lequel l'avait jeté Carolina.

 

-- Mais j'avoue, mon ami, que si je ne préférais pas les hommes, je me laisserais bien tenter moi aussi par ce corps et cet esprit, ils sont aussi envoutants l'un que l'autre !

 

-- Oui... Tu as sans doute raison...

 

-- Alors, qu'est-ce qui t'amène Nikolaï, ça avait l'air vraiment important et urgent...

 

Nikolaï ne savait plus très bien ce qu'il voulait demander à Horlando. C'était presque comme une révélation, il lui semblait qu'il venait de trouver la perle rare qu'il était venu lui demander. Et si tel était le cas, peut-être ne devrait-il pas mettre Horlando dans le secret de ses plans, cela n'en aurait que plus de crédibilité si cette rencontre fortuite débouchait sur la suite qu'il en espérait. Après tout, cela valait quand même le coup de tenter...

 

-- En fait, je...

 

Nikolaï réfléchissait à toute allure sur la meilleure conduite à adopter, et comment il pouvait espérer rallier cette Carolina Baroni à son plan. C'était elle, il en était de plus en plus certain, le hasard n'est jamais qu'une opportunité qui nous tend la main. Ensuite il faut savoir s'en servir...

 

-- Je... En fait... Mélina m'a quitté... ce matin...

 

-- Oh, mon Dieu ! C'est horrible Nikolaï... Elle va revenir... sûrement... Ce n'est pas la première fois qu'elle te quitte. Déjà avant la campagne, vous aviez failli vous séparer. Ce sera le stress qui l'aura sans doute fatigué... Ne t'en fais pas, crois en ton vieil ami Horlando. Elle va revenir !

 

-- Non, Horlando, cette fois elle ne reviendra pas. Je lui avais demandé de rester près de moi tout le temps de la campagne pour ne pas compromettre mes chances à l'élection, et elle avait accepté. Mais elle ne pensait pas que je gagnerais... Et maintenant, elle ne veut plus jouer la comédie, elle part demain, et nous divorcerons dans six semaines.

 

-- C'est triste alors. Il n'y a plus rien à faire ?

 

-- Non, il n'y a plus rien à faire.

 

-- Je comprends...

 

Nikolaï sourit en lui-même, il avait l'impression d'avoir déjà entendu ce dialogue un million de fois depuis la fin de la matinée. C'est fou cette faculté qu'ont les gens de penser qu'ils comprennent, quand bien même ils ne peuvent pas imaginer, ne serait-ce qu'une seule seconde, la réalité d'une situation quand on est celui qui la vit vraiment. L'empathie a des limites mal définies...

 

-- Et... , vas-tu me dire enfin ce que je peux faire pour toi ? Pourquoi voulais-tu me voir de façon si urgente ?...

 

-- Eh bien, je me suis dit que... que... tu saurais trouver les mots que j'avais besoin d'entendre, que tu saurais me remonter le moral et me faire passer un bon moment en me racontant une des histoires dont toi seul a le secret. Voilà tout ! J'avais un besoin... urgent... de me changer els idées... C'est aussi simple que cela.

 

-- Ah... Horlando semblait à moitié convaincu par son explication, ne sachant s'il devait se sentir flatté d'un compliment, ou juste touché par l'abattement que Nikolaï devait immanquablement ressentir.

Elle n'a pas choisi le meilleur moment, c'est sûr... Et puis cela ve faire de toi le premier Président de la République célibataire, tu y as pensé à ça Nikolaï ? Comment vas-tu faire pour gérer cette situation ?...

 

-- Ah je n'y ai pas encore réfléchi, je ne sais pas encore... Mais la vie est si pleine d'imprévus... Peut-être que je vais très bientôt rencontrer la femme de ma vie et l'épouser. On ne sait jamais ce qui peut arriver.

 

-- Tss Tss Nikolaï, la femme de ta vie, c'est Mélina ! Je ne dis pas ça pour te saper le moral, mais je te connais suffisamment pour savoir que tu ne pourras pas la remplacer comme ça, d'autant plus que ta nouvelle vie ne va pas t'y aider. Cela fait une paire d'années que l'on se connaît, et jamais je ne t'ai vu avoir l'ombre d'un doute sur tes sentiments à son égard.

 

-- Tu as raison Horlando, Mélina restera la femme de ma vie incontestablement, mais... il ne faut pas négliger le hasard...

 

-- Le hasard ! Le hasard... Tous les désespérés rêvent du hasard qui changera leur vie ! Mais crois-moi, il y en a qui l'attendent toute leur vie, sans vouloir attendre que le hasard leur a posé un lapin ! Tu ne peux pas t'en remettre à ce genre de croyances ! Pas toi, Nikolaï... Ecoute ton vieil ami Horlando, laisse cicatriser d'abord, et puis après ton mandat, tu auras peut-être le temps et le loisir de reconstruire quelque chose. Pour l'instant ta priorité doit être de mener à bien la mission qu'une majorité d'entre nous t'a confiée.

 

-- Je ne sais pas, on verra bien... Tu sais, quand je vois une femme telle que cette Carolina que tu viens de me présenter, je me dis que tous les espoirs sont permis. Tu m'avais en effet réservé une bien jolie surprise...

 

-- Peuh, Carolina n'est pas une femme pour toi !

 

-- Ben, comment peux-tu être si catégorique, qu'est-ce que tu en sais ? Elle est mariée, c'est ça ?

 

-- Non, elle n'est pas mariée. Elle l'a cependant été trois ou quatre fois déjà, mais actuellement elle est célibataire, et compte bien le rester. Elle ne songe pas à refaire sa vie, parce qu'elle mise tout sur sa carrière de chanteuse qui commence. C'est devenu son unique priorité. Tu sais, la concurrence est rude, elle a beau être belle, talentueuse et intelligente, il va falloir qu'elle s'accroche. Alors la bagatelle... pour l'instant, c'est bien le cadet de ses soucis !

 

-- Et qu'est-ce qui te fait dire qu'elle ne peut pas être une femme pour moi ?

 

-- Ses opinions politiques sont tout à fait opposées aux tiennes. Elle a même signé le manifeste des artistes qui ont appelé à ne pas voter pour toi avant les élections. Et pour tout te dire, elle n'a pas une opinion très flatteuse à ton égard.

 

-- Elle te l'a dit ?

 

-- Non, mais cela semble évident.

 

-- Elle ne me connaît même pas. Avant de juger les gens, il faut leur laisser le bénéfice du doute, non ? Qu'elle apprenne à me connaître un peu, et elle pourra se faire une opinion réelle.

 

-- Bon écoute, Nikolaï, ce n'est pas à moi qu'il faut le dire. Je ne suis pas Carolina, je ne sais pas ce qu'elle pense. Je vois bien que tu es un petit peu à cran aujourd'hui, alors si on pouvait parler de choses plus légères...

 

-- Mais je me sens tout à fait capable de lui dire moi-même si l'occasion m'est donnée de la revoir...

 

-- Je n'ai aucun conseil à te donner à ce sujet, Nikolaï, tu es un grand garçon, je te dis juste ce que je sais... Quelqu'un ma dit que...

 

-- Quelqu'un t'a dit quoi ?

 

-- Quelqu'un m'a dit que Carolina était une croqueuse d'homme redoutable. Tu sais, elle n'a besoin de personne pour l'entretenir, l'argent n'est pas un problème pour elle. Du temps où elle était mannequin, elle a engrangé une fortune qui l'a mise à l'abri pour plusieurs vies, elle et toute la descendance qu'elle pourrait avoir. Et qui plus est, elle vient d'une famille fortunée à la base.
Carolina est une femme moderne, vive et indépendante, à l'abri de tout besoin, qu'il soit affectif ou financier. Elle a tous les hommes qu'elle veut à ses pieds. Mais la seule chose qui compte pour elle, c'est d'être reconnue comme auteur interprète compositeur, que cette image de top modèle écervelée cesse enfin de lui coller à la peau. Elle se bat pour être reconnue pour ce qu'elle est, elle en a fini avec l'univers du paraître. Elle est en pleine crise de la quarantaine, et chez les femmes, ça prend souvent des proportions inimaginables d'existentialisme. Elles veulent être reconnues pour ce qu'elles sont et non plus pour ce qu'elles font...

 

-- Tu sais quoi Horlando ?... Plus tu me parles d'elle, et plus j'ai envie de la connaître davantage...

 

-- Tu fais comme tu veux Nikolaï, tout cela ne me regarde pas, mais fais attention à ne pas faire n'importe quoi. La France ne te pardonnerait pas si tu fais le pitre ou si tu joues avec le feu : Carolina et toi ne fréquentez pas les mêmes podiums...

 

-- Un président est aussi un homme comme les autres, Horlando... enfin presque comme tous les autres...

 

-- Tu veux ses coordonnées, c'est ça ?

 

-- Si tu insistes, Horlando, pourquoi pas ?... plaisanta Nikolaï. J'aimerais bien la revoir en effet. Je ne sais pas si c'est une bonne idée, mais j'aimerais approfondir un peu l'ébauche de conversation que nous eu tout à l'heure.

 

Horlando se leva et ouvrit le deuxième tiroir du secrétaire qui occupait l'angle de la pièce, et sur une petite feuille de papier rose pâle, il griffonna quelques chiffres précédé des initiales CB, comme s'il s'agissait des numéros d'un compte bancaire secret. Puis, tendant la feuille à Nikolaï, il lui fit cette remarque :

-- Quoi qu'il puisse en être, et quoi qu'il puisse arriver, je ne veux en aucun cas être tenu pour responsable de ce qui peut arriver Nikolaï, tu me le promets ?

 

-- Mais que veux-tu qu'il arrive ?

 

-- J'adore Carolina, vraiment... mais les potins sur sa vie sentimentale ne sont pas très gratifiants. C'est le genre de femme qui te broie le coeur sans aucun scrupule ni état d'âme. Ce n'est pas parce qu'elle semble angélique qu'elle est un ange. Souviens toi : tout ce qui brille n'est pas de l'or !... Par contre, tu le sais aussi bien que moi, le pire ennemi d'un homme, c'est toujours une femme quand elle le tient ligoté par le bout du coeur.

 

-- Je saurai me rappeler de tes paroles Horlando, mais... Carolina ne m'effraie pas...

 

-- Ce que j'en dis moi...

 

-- Je sais, Horlando, j'ai bien compris, ne t'en fais pas pour moi...
Bon, il va falloir que je file. Je te remercie vraiment pour ce bon moment que je viens de passer chez toi.

 

-- Je croyais que tu dinais avec moi ?!

 

-- Non, c'est impossible, j'ai une réunion très importante avec Nylon et Fillerman ce soir. Je suis vraiment désolé, mais en ce moment, j'ai une actualité un peu chargée. Je t'appelle, d'accord ?

 

-- Comme c'est dommage, on a à peine eu le temps de discuter... mais je comprends ... Tu seras toujours le bienvenu dans cette maison Nikolaï.

 

-- Merci encore Horlando !

 

Dès que Nikolaï eut pris congé d'Horlando et qu'il fut remonté dans sa voiture, son niveau d'excitation grimpa encore d'un barreau sur son échelle de Richter personnelle. Maintenant, il en était complètement, absolument certain : la femme qu'il recherchait, c'était Carolina ! Elle avait vraiment le profil de l'emploi. Il pourrait même en tomber vraiment amoureux, et l'épouser pour de vrai... au moins pour cinq ans. Après tout, cinq années, c'est vite passé...

 

La voiture peinait à avancer cette fois, on était en pleine heure de pointe et les bureaux déversaient leurs flots de gens affairés, fatigués et pressés par une longue journée de travail. Nikolaï s'impatientait et frappa à la vitre de séparation du chauffeur.

 

-- Christian, faites-nous sortir de cet étau au plus vite. Je dois être à la maison avant dix neuf heures.

 

-- Bien, Monsieur, je vais faire le maximum.

 

A travers la vitre, Nikolaï vit Christian saisir le combiné téléphonique. Quelques minutes plus tard à peine, quatre motards firent irruption au beau milieu de la circulation, et les files de voitures se rangèrent de toutes parts pour laisser passer le cortège. A dix huit heures cinquante trois, Nikolaï franchit les grilles du palais présidentiel.

 

 

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