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" La Chanteuse et le Président, version OFF "
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30 novembre 2011

CHAPITRE 4

 

 

 

L'image de Carolina emplissait désormais tous les recoins de la tête de Nikolaï. Il ne savait pas encore comment il y parviendrait, mais il savait que ce serait elle, qu'elle était exactement celle dont il avait besoin. D'après ce qu'Horlando lui en avait dit, la tâche n'allait peut-être pas être simple, puisque l'appât du gain était un argument sur lequel reposait sa stratégie initiale. Or, Carolina, apparemment n'y serait pas sensible. Tout ce qui comptait pour elle, c'était la reconnaissance de son talent, ou en tous cas de sa personne. C'est donc là-dessus que Nikolaï devrait jouer, cela paraissait évident. Seulement, Nikolaï ne connaissait rien à la chanson, et sa culture musicale restait très sommaire et conventionnelle. Qui plus est, il ignorait sur quel registre se positionnait sa belle, et si, oui ou non, elle avait un certain talent qu'il serait possible de faire reconnaitre. Pourtant, c'était par là qu'il pourrait la "ferrer", plus que par n'importe quel autre argument.

 

Les pensées de Nikolaï fusaient dans tous les sens. Il alluma fébrilement son ordinateur portable, et entreprit d'en savoir plus sur cette Carolina Baroni.
Dès qu'il eut frappé son nom sur google, un certain nombre de sites apparurent à l'écran, essentiellement des sites un peu "people" faisant référence à des photos. Nikolaï en regarda beaucoup, et en conclut encore une fois qu'elle était terriblement faite pour l'emploi qu'il lui destinait.
Avec elle à ses côtés, nul doute qu'il pourrait se pavaner en toute quiétude dans les dîners mondains, et qu'elle serait un faire-valoir inestimable pour lui. elle portait en son regard une étincelle d'insolence et de fierté que Nikolaï reconnaissait comme étant celle d'un esprit vif et intelligent. Il était de plus en plus sous l'emprise de son charme indéniable, oubliant peu à peu que c'est un contrat qu'il voulait lui proposer, et se laissant aller à rêver d'une réelle love story...

 

Enfin, Nikolaï tomba sur un site à partir duquel on pouvait écouter des extraits de l'album qu'elle avait déjà enregistré. Sans hésitation, il alluma les hauts parleurs et lança le premier extrait. La musique était douce, et la voix suave de Carolina commença à se répandre dans la pièce. Elle murmurait et susurrait plus qu'elle ne chantait véritablement, et Nikolaï avait l'étrange sensation que c'est à lui qu'elle s'adressait.
Elle composait elle-même ses paroles et ses musiques, et il fut agréablement surpris par les thèmes qu'elle choisissait d'aborder, loin des préoccupations futiles des midinettes des podiums, elle semblait avoir une conscience du monde bien réelle et des convictions personnelles qu'elle avait envie de défendre haut et fort. Ce point pouvait être important, car le domaine de la politique est un terrain idéal pour faire passer ses convictions d'un état intellectuel à une réalité tangible. Elle avait soif de causes pour lesquelles elle pourrait se battre ? Nikolaï pouvait lui en apporter autant qu'elle en désirerait...

 

Nikolaï écouta tout ce qu'il était possible d'entendre par téléchargement légal plusieurs fois. il imaginait les doigts de Caroline courir sur les cordes de l'instrument, ses regards allant et venant de l'instrument au public lorsqu'elle chantait. Il l'imagina aussi, seule chez elle, en train de composer ses mélodies, essayant ses notes et posant ses mots sur sa sensibilité et ses portées.
Décidément, cela ne pouvait pas être autrement : ce serait Carolina sa complice !

 

Nikolaï stoppa son écoute et regarda l'heure : vingt et une heure. Il attrapa le lourd combiné du téléphone posé au coin de son bureau et composa le numéro personnel d'Henri. Le son de la tonalité de la ligne qui cherchait son correspondant lui agressa les tympans après avoir intensivement été bercé par la légèreté des notes de Carolina. Elle cessa enfin son interminable recherche pour faire place à la grosse voix rude d'Henri :

-- Allo ?

 

-- Henri, c'est moi !... Viens tout de suite s'il te plait, il y a du nouveau.

 

-- Et ça ne peut pas attendre demain matin ?

 

-- Non, Henri, il faut que tu viennes immédiatement, j'ai de très bonnes nouvelles du CSA, et ça ne peut pas attendre demain. Tu sais bien, dans quel pétrin, on va être sinon... Hein ?... Je t'attends !... Disons dans une demi heure... Merci vieux !

 

Nikolaï convoqua aussi Charles pour ne pas perdre de temps. Son plan d'action devait être mis en place dès ce soir. Et en les attendant, Nikolaï poursuivit ses recherches pour en apprendre encore un peu plus sur sa "future épouse".
Il fut néanmoins rapidement rassuré qu'elle n'ait pas trop défrayé la chronique des rubriques People, parce qu'évidemment il ne pouvait pas se permettre qu'un scandale caché surgisse quand il l'aurait épousé. Mais ça, ça serait le boulot d'Henri de traquer son passé jusqu'aux moindres miettes pour s'assurer de la viabilité de ses projets. Carolina avait évolué de nombreuses années dans le milieu de la mode avec un énorme succès, et maintenant qu'il cherchait à tout connaitre d'elle, les couvertures des magazines qu'il voyait apparaître sur son écran faisaient chemin dans ses propres souvenirs...

 

 

Charles arriva avant Henri, comme d'habitude. Il semblait fatigué et un peu contrarié aussi . Il avait les traits tirés de ceux qui ne dorment pas assez. Nikolaï l'accueillit chaleureusement et le remercia d'être venu si tardivement et si rapidement. Charles était doté d'un bon fond, et même si les extravagances de Nikolaï l'indisposaient parfois, il ne lui en tenait pas rigueur, parce qu'il savait au fond quel chic type il était...

 

-- Tu sais, Nikolaï, si tu veux que je puisse travailler sur mes dossiers, il faudrait quand même que tu me laisses un peu de temps...
J'ai commencé le projet CNE dès que l'on s'est quittés, et je t'avouerai que je ne sais pas combien de temps il me faudra pour le finaliser, mais...

 

-- Justement ! Pour que tu ne perdes pas de temps, je veux te donner les nouveaux points précis sur lesquels il va falloir que tu travailles. Nous n'allons plus engager une actrice... mais... une chanteuse !

 

-- ... Une chanteuse ?... Tu veux monter une chorale maintenant Nikolaï, pour chanter ta gloire ?

 

-- Je suis sérieux Charles !

 

Un coup fut frappé à la porte du bureau et Henri entra à son tour. La cravate de travers et les cheveux un peu en bataille, on aurait dit qu'il était sorti à la hâte de son lit, mais ni Nikolaï ni Charles n'en firent la remarque.

 

-- Henri, tu arrives juste au bon moment !

 

-- Comme d'habitude... Que se passe-t-il ?

 

-- Nikolaï a changé d eprojet : il n'engage plus une actrice...

 

-- Ah ben c'est aussi bien comme ça, parce que franchement cette idée ne m'emballait pas... Et donc ?

 

-- Ce sera une chanteuse à la place !... Très classe, hein ? Imagine, la première Dame de France candidate à l'Eurovision en train de se déhancher sur les plateaux de télé...

 

-- Bon les gars, arrêtez de vous foutre de moi ! Donc, Nikolaï, c'est quoi ces bonnes nouvelles au sujet du CSA ?

 

-- Charles, j'aimerais que tu prennes l'affaire un peu plus au sérieux ! C'est vrai Henri, nous allons engager une chanteuse. Je l'ai rencontrée cette après midi chez Horlando, et il va falloir la convaincre d'accepter la mission. Toutefois, avant de me lancer dans cette entreprise, j'ai besoin de tout savoir sur elle, pour être sûr de ne pas m'engager dans quelque chose que je pourrais regretter, ça c'est pour toi Henri.
De ton côté Charles, tu vas devoir réfléchir à comment il va être possible qu'elle puisse continuer à exercer son métier tout en exerçant les tâches incombant à l'épouse d'un président.

 

-- Tu deviens complètement fou Nikolaï... Imagines-tu comment l'opinion va réagir à une telle pantalonnade ?

 

-- Et... hum... qui est cette heureuse "élue" ?

 

-- Elle s'appelle Carolina Baroni.

 

-- Carolina Baroni, l'ex top modèle qui s'est mise à la chanson il y a quelques années ?

 

-- Oui en effet Henri, c'est bien d'elle qu'il s'agit.

 

-- Et pourquoi ?... Enfin je veux dire, qu'est-ce qui te fait penser qu'elle conviendrait ?

 

-- Ah ça Henri... je ne peux pas l'expliquer, je sais que c'est elle qu'il me faut. Dès que je l'ai vue chez Horlando, j'ai su que ce serait elle.

 

-- Et elle est au courant ?

 

-- Non, pas encore... A vrai dire, je n'ai échangé que quelques mots de politesse avec elle. Je me suis dit que je devais vous tenir au courant d'abord pour... enfin... pour savoir ce que vous en penseriez...

 

-- Tu veux vraiment savoir ce que je pense Nikolaï ?

 

-- Naturellement Charles que je veux le savoir.

 

-- Je pense que tu as eu une dure journée, que le départ de Mélina t'a bouleversé et que tu vas un peu trop vite en besogne, et que la première des urgences serait que tu t'offres une bonne nuit de sommeil pour reposer ton esprit !
Et cette... Carolina Baroni n'a peut-être pas du tout envie de se prêter à ton petit scénario élaboré à la va-vite sous le coup de toutes ces émotions !

 

-- Je sais Charles... mais la convaincre, ça c'est ma part dans la répartition des rôles. Toi ton boulot, c'est de me bétonner par un contrat ce que la République attend d'elle, et ce qu'elle pourra lui donner en échange. Les seules vraies ambitions de Carolina sont dans la musique, elle veut être reconnue pour son talent, et elle en a, et c'est par là que je veux la rallier à ma cause.
Ton travail, c'est de te creuser les méninges pour trouver quelque chose qui puisse faire apparaitre à ses yeux que ce rôle que je lui propose servira ses propres attentes.

 

-- Et moi je dois juste t'informer de tout ce que l'on sait sur elle...

 

-- Oui Henri... et commencer aussi une surveillance discrète dès ce soir. J'ai besoin de savoir qui elle voit, où elle se rend, où en sont ses projets, ce qu'elle aime, les endroits qu'elle fréquente... Emploie tous les moyens que tu jugeras utile, je prends tout sous mon entière responsabilité.
Tu vas aussi m'établir une liste de tous les cocktails mondains auxquels elle pourrait se rendre dans les jours à venir, ainsi que ses activités de loisirs préférées. Une mission de routine quoi... Je ne demande pas la lune, je veux juste absolument tout savoir d'elle, c'est clair ?
Et maintenant, passez-y la nuit s'il le faut, mais j'attends le premier point pour demain avant midi !

 

-- C'est très clair, mais tu ne m'enlèveras pas de la tête que tu es en train de te fourrer dans un drôle de pétrin Nikolaï...

 

-- Charles, tu sais que j'ai une considération infinie pour tes jugements, mais de temps en temps, pourrais-tu cesser de toujours avoir une vision pessimiste des choses ?... Tu vas voir, on va remonter dans les sondages en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire avec elle. Mon idée est qu'elle a le pouvoir de séduire toute l'opinion rien qu'en balançant quelques jolis petits regards bien calculés. Elle a l'étoffe d'un mythe cette femme ! Je vous jure les gars, elle va nous sauver la face...

 

Henri et Charles avaient du mal à partager l'optimisme de Nikolaï, mais ils comprenaient tous deux que de toute façon, il n'y avait rien qu'ils pouvaient dire ou faire pour le faire changer d'avis. Ils prirent donc congé de Nikolaï sans rien objecter d'autre, pour s'attaquer chacun à la besogne qui lui incombait. Le temps s'était soudainement accéléré et au rythme où Nikolaï avançait, ils ne devaient pas le perdre de vue...

 

Une fois seul à nouveau, Nikolaï ralluma son ordinateur et chargea au format MP3, tous les extraits de Carolina Baroni dans son téléphone portable. Il tenait à ce que, dès maintenant, elle l'accompagne dans tous ses déplacements.

 

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  • L'imagination étant toujours plus forte que le savoir, la vie des personnages publics se transforme dans nos esprits pour donner vie à de nouvelles entités complètement irréelles, qui vont leur propre chemin...
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