C'est totalement abasourdi que Nikolaï écouta la suite : Régina attendait un enfant, et cet enfant était aussi le sien, ça il ne pouvait pas en douter... Son cerveau avait du mal à fonctionner, il fallait réagir pourtant au plus vite.
Régina voulait garder l'enfant, et les raisons qu'elle avait données n'étaient ni discutables ni négociables : elle avait toujours été contre l'avortement. Même si, politiquement parlant, elle avait lutté aux côtés des féministes pour que celui-ci soit reconnu comme un droit légitime de la femme à disposer de son corps, à un niveau plus personnel en revanche, ses convictions religieuses lui interdisaient d'avoir recours à ce genre de pratique, au nom du respect de la vie.
Et là-dessus, on ne pouvait pas là faire changer d'avis...

L'histoire de Régina ne lui avait pas épargné grand chose, et cet embryon inattendu avait fait se réveiller en elle les fantômes enfouis de son passé. Régina avait subi très jeune, une interruption volontaire de grossesse. Enfin... une interruption : volontaire n'était pas le terme le plus approprié qu'on pouvait employer dans son cas. Elle l'avait par contre subie, et là, le mot convenait très bien...

Régina était issue d'une famille d'immigrés pour le moins modeste. Sa jeunesse n'avait en rien été dorée, elle s'était plutôt abîmée dans les banlieues défavorisées de l'agglomération lyonnaise, là où être une adolescente insouciante et épanouie relève plus de l'exploit que de la norme. Régina avait toujours eu un caractère bien trempé et une vivacité d'esprit qui lui avait fait éviter tout dérapage incontrôlé pouvant salir son image et son avenir, pourtant un soir, c'est un dérapage incontrôlable qui la heurta de plein fouet.
Alors qu'elle rentrait chez elle d'une soirée de baby-sitting, elle n'avait rien eu le temps de voir venir ,ni eu le temps de réagir : une bande de voyous qui traînait par là avait croisé son chemin et son destin, et l'avait prise à parti, puis frappée, et finalement violentée.
En plus du choc de l'agression, des blessures et de l'humiliation, Régina n'avait pas tardé à découvrir qu'elle était enceinte. La décision de la faire avorter, malgré l'importance de la religion dans la famille, n'avait pas eue à être discutée, parce que tous savaient qu'elle ne pourrait jamais porter et aimer cette chose qu'on avait déposée, contre sa volonté, au plus profond d'elle-même.
Ses parents l'accompagnèrent à la consultation, puis à l'intervention, et firent de leur mieux pour que Régina se sente totalement déculpabilisée, même si ce genre de blessure ne guérit jamais tout à fait... Une Régina était morte ce jour-là en même temps que l'enfant qu'on lui avait retiré... même si une autre allait en renaître.

Depuis ce jour, Régina avait eu un dégoût sans nom pour toutes les choses du sexe, et n'avait plus pu concevoir qu'un homme puisse un jour la toucher, de près ou de loin, au physique comme au sentimental.
Longtemps, elle s'était comportée comme si elle était un être parfaitement asexué, et avait investi toute son énergie à se prouver qu'elle était capable de se sentir fière d'elle-même. Elle s'était impliquée sans commune mesure dans tous les combats féministes, avait brillamment achevé ses études de droit, et assuré sa place au barreau de Paris parmi les meilleures.
Mais d'amour dans sa vie, il n'en avait plus été question.
A la faculté, elle avait bien tenté de flirter deux ou trois fois avec de jeunes étudiants de son âge, mais c'était plus fort qu'elle, elle ne pouvait supporter aucune main d'homme qui aurait tenté d'aller au-delà d'une poignée de main, et elle avait fini par s'orienter sexuellement, tout naturellement vers les femmes.

C'est par le biais de Mélina que Nikolaï avait fait sa connaissance. Mélina et Régina s'étaient rencontrées au cours d'un colloque sur les femmes battues. Elles avaient sympathisé, étaient devenues amies, puis occasionnellement amantes.
Nikolaï était au courant de ce penchant pour les femmes de Mélina, bien que celle-ci appréciât tout autant les hommes par ailleurs. Régina avait fini par devenir une amie du couple, et s'était vue ouvrir les portes de leur vie. Elle était invitée alors, aux nombreuses soirées que Nikolaï et Mélina organisaient lors de sa campagne de communication préélectorale. Et souvent, Régina restait longtemps après que tous les autres soient partis. Elle donnait son opinion sur les invités de la soirée, et aidait ainsi Nikolaï à finaliser son plan marketing.

Quand Nikolaï remporta les élections, et avant son investiture, et qu'ils décidèrent, Mélina et lui, de prendre quelques vacances pré-méritées sur le yacht d'un ami qui tenait à le féliciter en personne, de sa victoire, Régina, en remerciement de tout le soutien et l'investissement dont elle avait fait preuve, fut chaleureusement conviée à les accompagner.
Là, après le stress de la pré-campagne, puis de la campagne, et tout ce qui s'ensuit, Nikolaï avait vraiment décompressé... même s'il était aussi conscient et chagriné, parce qu'il savait déjà que, le but ayant été atteint, Mélina allait le quitter sous peu pour enfin se consacrer à sa propre vie et à son nouvel amant avec lequel elle entretenait une relation très régulière depuis plus d'une année.
Mélina ne voulait pas être prisonnière du paradis infernal que son mari allait devoir connaitre pendant cinq ans, et puis... elle ne l'aimait plus assez pour le faire passer avant ses propres rêves, ses propres désirs et son projet personnel de vie, à elle, et rien qu'à elle...

Qu'est-ce qui avait bien pu passer par la tête de Nikolaï le soir où il entreprit de séduire Régina, ça, il ne se l'expliquait toujours pas ... D'autant qu'il connaissait son histoire personnelle et son orientation sexuelle.
Toutefois, Nikolaï était un homme de défi, et sûrement que l'inaccessibilité de Régina avait titillé sa libido au régime depuis que Mélina avait rencontré son John... Ou bien, peut-être était-ce le soleil, l'ivresse de la victoire qui rendait tout possible, ou encore un excès de boissons gazeuses, qui lui avaient fait momentanément perdre la tête et le sens des réalités et de ses nouveaux devoirs d'exemplarité... Il ne saurait jamais le dire...
Quoi qu'il en soit, et contre toute attente, Régina avait cédé à ses avances, et avait connu, pour la première fois de sa vie, l'amour d'un homme dans sa chair et même un peu dans son coeur...
Evidemment, ni l'un ni l'autre n'aurait envisagé qu'une idylle puisse naître de ce moment d'égarement, et encore moins que des traces pourraient perdurer de la sorte. Régina s'était faite une raison à ce sujet le jour de son IVG, et avait décidé que jamais elle ne porterait un enfant, ni dans son ventre, ni dans son coeur, ni dans ses projets de vie.

Et c'était bien précisément pour cela que Nikola¨était abasourdi : Régina garderait l'enfant, et rien ni personne ne pourrait la faire changer d'avis.
Nikolaï avait d'abord pris cela pour une tentative de manipulation, comme une monnaie d'échange qu'elle voulait utiliser pour obtenir de lui certaines faveurs qu'il ne lui aurait jamais accordées autrement, mais non...
L'enjeu n'était pas tout à fait celui-là...

Quand Nikolaï avait demandé à Régina pourquoi elle voulait garder l'enfant, Régina avait été très claire, et aussi très sincère.

-- Je vais avoir 43 ans, Nikolaï... Je n'ai jamais songé auparavant, que je pourrais avoir une famille à moi, normale, avec un foyer stable, un mari et des enfants. Mais quand je me suis aperçue que j'étais enceinte, je ne peux pas t'expliquer ni le pourquoi ni le comment, mais j'ai senti que cet enfant était un cadeau de la vie, inattendu et inespéré, et que j'avais très envie de l'accueillir et de le connaître.
Je garderai cet enfant quel que puisse être ton sentiment et ta décision à mon égard, égoïstement peut-être, mais je ne saurai pas faire autrement, que tu sois présent près de moi ou pas...

-- C'est-à-dire ?... Qu'est-ce que tu entends par "que tu sois présent près de moi ou pas" ?...

-- C'est-à-dire ?... Eh bien, plusieurs scénarios sont possibles.

Mélina est partie et ne reviendra pas. Tu vas être le premier président divorcé de toute l'histoire de France, et tu as besoin de quelqu'un pour t'accompagner et t'épauler : je peux tout à fait être celle-là si tu en as, ne serait-ce qu'un tout petit peu envie...
En ce qui me concerne, je suis entièrement prête à assumer le rôle de Première Dame de France à tes côtés...

Nikolaï ne bougeait pas, ne parlait pas et respirait à peine. Il restait suspendu aux lèvres de Régina, qui arrivait avec son ventre à demi plein, compromettre ses projets sentimentaux... voire son avenir politique s'il n'y prenait garde !

-- Une autre option est que tu reconnaisses l'enfant, mais que nous n'officialisions rien en ce qui nous concerne, simplement pour que cet enfant que nous avons conçu ensemble, toi et moi, ne demeure pas un enfant illégitime de plus de père inconnu... et que nous trouvions un arrangement.

Nikolaï restait toujours silencieux. Et un enfant de Carolina, en aurait-il voulu ?... Et comment allait-elle réagir, Carolina, quand elle apprendrait la grossesse de Régina ?

-- Enfin, dernière possibilité, tu peux ne pas reconnaître l'enfant, je saurai aussi très bien me passer de toi et me débrouiller seule pour l'élever, sois rassuré !... Mais un jour ou l'autre la vérité éclatera... avec toute la batterie de tests ADN à notre disposition désormais, les enfants nés de père inconnu qui veulent faire une recherche en paternité sont bien aidés et ne le restent pas longtemps... Le scandale risque alors d'être bien pire que si nous trouvons dès aujourd'hui une solution acceptable pour nous trois.

Qu'en dis-tu ?

-- J'en dis que ça n'est pas raisonnable, Régina ! Même si en France, les gens sont beaucoup plus tolérants qu'ailleurs, et que j'ai bien compris que tu garderais cet enfant quoi qu'il arrive, je ne peux pas assumer cette paternité surprise au grand jour.
S'il est impossible de te faire changer d'avis concernant ta décision d'avoir ce bébé, alors nous devons lui trouver un père de substitution à présenter à la presse. Et en attendant, tu devras garder le secret aussi longtemps que je te le demanderai et aussi longtemps que ce sera possible, sur ton état...
Je suis désolé Régina, mais je ne serai jamais le père de cet enfant...
Je n'ai pas les idées claires : tout ça est trop brutal et inattendu : laisse-moi le temps de réfléchir et de trouver quelle est la solution la meilleure pour tout le monde, et nous prendrons alors les mesures qui s'imposeront.

Régina s'attendait bien sûr à ce que Nikolaï lui fasse cette réponse elle s'y était préparée dès le jour où elle avait appris sa grossesse, mais peu lui importait : elle aurait cet enfant, cette fille à laquelle elle ferait découvrir que la vie peut être belle quand on se sent aimé et fier de soi... et qu'il le veuille ou non, Nikolaï serait son père... si ce n'était pas aujourd'hui, ce serait un autre jour...
Régina lui avait consenti un accès privilégié, il devrait bien un jour s'acquitter de son droit d'entrée, président ou pas président, Régina ne tolérerait aucun passe-droit, et le temps allait jouer en sa faveur, elle en était certaine.
Tout vient toujours à point pour qui sait attendre le moment opportun, et Régina n'était pas pressée. Elle portait désormais en elle, un argument imparable et une arme de choix. Si elle ne pouvait pas devenir la première Dame de France, elle ferait en sorte que nulle autre ne puisse occuper la place !

-- Pourquoi ne veux-tu pas me laisser prendre la place que Mélina a laissée vacante : toi aussi, cela pourrait te servir après tout ?...

-- Régina, pour vivre une histoire avec quelqu'un, il faut un minimum de sentiments partagés, tu ne crois pas ?

-- Mais je ne te demande pas de m'aimer, Nikolaï... Ce serait... un peu comme un "pacte", une sorte de contrat qu'on signerait moralement toi et moi. Plein de gens font ça... Tu sais, tes prédécesseurs, Bernard et Jacqueline, ils ne vivaient pas une passion torride : on s'en serait aperçu !... mais ils ont fait un chemin ensemble, chacun en parallèle et ça a plutôt bien fonctionné...
Avant eux, François et Colette, c'était pareil ! Lui, il collectionnait les femmes et cela n'a jamais choqué l'opinion publique, même quand ses enfants illégitimes ont surgi sur le devant de la scène...
Pourquoi on ne pourrait pas faire la même chose, hein ?... Pourquoi pas, Nikolaï ?...

Les yeux de Régina étaient plein de fougue et de tendresse : elle aurait tellement voulu convaincre Nikolaï que c'était, sans aucun doute, le meilleur choix qu'ils avaient à faire tous les deux pour servir leurs intérêts respectifs.

-- Tu ne peux pas rester seul, Nikolaï : la France a besoin de son couple présidentiel. Et cet enfant que personne n'attendait, n'est-il pas un signe du destin ?... Toi qui crois toujours que chaque chose a une signification... Toi qui es attentif aux signes que la vie place sur notre chemin... Pourquoi ne le comprends-tu pas cette fois ?... Ce ne peut pas être par hasard que la vie nous a réuni toi et moi : on ne rencontre jamais les gens par hasard... surtout quand on ne s'y attend pas...
Je te le répète : je ne te demande pas de m'aimer... mais considère que l'enfant que je porte, est peut-être l'enfant que la nation attend pour dérouler le tapis rouge à tous tes projets politiques...
Te rends-tu compte de ce que l'image d'un bon père de famille pourrait ajouter à ton prestige d'homme politique ?... Alors que président divorcé et célibataire, tu cours à la catastrophe...

-- Régina, je suis très touché par ta sollicitude, tant à l'égard de mon avenir politique qu'à l'égard de la nation, mais je suis au regret de te dire que cela ne va pas être possible !

La main de Régina glissa rapidement sur la table et enserra les doigts de Nikolaï. Elle le regardait maintenant avec une tendresse particulière, une expression que Nikolaï ne lui avait jamais vue auparavant.

-- Écoute, je ne veux pas te brusquer, Nikolaï... Prends le temps d'y réfléchir... Nous n'avons rien à y perdre, ni toi ni moi...

Nikolaï retira ses doigts de l'étreinte de Régina, et lui coupa sèchement la parole :
-- C'est tout réfléchi, et la réponse est non, Régina !
Tu ne deviendras pas ma femme ni la Première Dame de France : le rôle est déjà pris !

'

Bien que confortablement assise dans un fauteuil de cuir noir, il sembla à Nikolaï que Régina avait légèrement vacillé en entendant ses derniers mots, comme si tout son petit monde planifié volait en éclats.
Nikolaï sentit soudain que le hasard n'était peut-être pas le seul scénariste de cette histoire, comme Régina voulait lui faire croire, et qu'il était aussi tout à fait plausible qu'elle n'ait pas cédé à son charme sur le yacht de son actuel cauchemar, mais plutôt à l'appel à candidature de la place que Mélina allait laissée en partant. Elle avait peut-être en fait, postulé en avance au poste qui allait se libérer...
Cette pensée commença à envahir Nikolaï, et il se mit à ressentir quelque chose qui pouvait ressembler à du dégoût plus que de la colère vis-à-vis de Régina.

-- Comment ça le rôle est pris ?...
Qu'est-ce que tu me racontes, Nikolaï ?... Tu vas peut-être aussi m'annoncer que tu vas te remarier ?... Mélina est partie il y a à peine quelques jours, et je sais très bien que tu es seul et au désespoir sans elle... Plus même, quand il y a eu cette attaque terroriste sur son vol, tu t'es précipité comme un gamin à l'aéroport pour t'assurer qu'elle allait bien...

Ne me fais pas marcher, je sais très bien que Mélina restera la femme de ta vie, et que personne ne prendra sa place avant longtemps !
Tu peux refuser ma proposition, mais par pitié, épargne-moi tes mensonges.
Je te le répète : je ne te demande pas de m'aimer. Je ne veux pas remplacer Mélina dans ta vie. Ce que je te propose, c'est une collaboration, rien de plus !

Nikolaï sentait la pression lui comprimer les veines, ses mains commençaient à devenir moites, ses pensées s'embrouillaient. Il se sentait au bord de l'explosion. Cette femme qui se tenait devant lui, avait échafaudé un plan diabolique, dont il ne s'était pas rendu compte : il avait cru la vaincre, il n'avait fait que tomber dans son piège !
Elle l'avait bien tendu son filet, ah ça oui ! La "Cosette" de service qui servait la cause des pauvres, des opprimés, de la veuve et de l'orphelin, en tenant la charrette du juste ! Ah, elle était belle l'idéologie républicaine qui guidait ceux qui s'engageaient en politique en leur âme et conscience !
Et dire qu'il y avait cru à l'intégrité de Régina, à son envie de se battre et de gagner... Il n'avait pas mesuré quelles étaient les armes avec lesquelles elle aborderait le combat...

-- Régina, que les choses soient bien claires entre nous : j'assumerai ma responsabilité en tant que géniteur de l'enfant que tu portes dans ton ventre et que tu comptes mettre au monde dans quelques mois, quelle que puisse être mon opinion personnelle sur le sujet... sur laquelle, soit dit en passant tu t'assois royalement !
En revanche, en ce qui concerne ma vie sentimentale, je te serai gré de te tenir à l'écart, et je n'ai aucun compte à te rendre à ce propos, quelle que puisse être ton opinion...
Il y a quelqu'un dans ma vie : oui !
Depuis très peu de temps , je te l'accorde, mais je sais que cette femme que j'ai rencontré a toutes les qualités pour assumer le rôle de Première Dame, et en plus... je l'aime !
Aussi, je décline tout à fait ta proposition, qui me va cependant droit au coeur, sois en bien sûre...
Pour ce qui est de cet enfant, nous allons trouver la solution la meilleure. Et pour cela, j'ai besoin de prendre le temps d'y réfléchir, si tu le permets !

Régina n'en revenait pas : Nikolaï avait déjà un plan B pour remplacer Mélina !... Mais qu'allait-elle devenir alors elle, avec cet enfant qu'il allait lui falloir élever seule maintenant, loin de Nikolaï et loin du palais présidentiel ?...
Régina se sentait rejetée au rang de concubine de plaisir et de passage, qu'on prend, qu'on utilise et qu'on jette, sans autre considération que le plaisir instantané qu'on peut en retirer... Parce que ça, il ne pouvait pas le nier, Nikolaï !... Il avait eu ses "trois minutes de bonheur" avec elle... Même sans être experte en la matière, elle savait reconnaître le râle lascif de l'orgasme masculin. Et Nikolaï n'y avait pas échappé...

-- Je peux savoir qui c'est ?

-- Comment ça : qui c'est ?...

-- Hé bien cette femme que tu as rencontrée...Qui est-ce ?.. Je la connais ?..

-- Je ne te le dirai pas, Régina ! Premièrement, je n'ai pas à le faire. Et, deuxièmement, je préfère attendre encore un peu, afin que nous soyons bien sûrs, elle comme moi, de vouloir nous impliquer tous les deux à signer le même engagement.

-- Tu mens, Nikolaï ! Il n'y a personne dans ta vie, je le sais !... Tu n'as jamais eu aucun tact avec les femmes. Mélina était bien la seule extraterrestre qui ait pu avoir envie de t'aimer pour ce que tu es : toutes les autres se sauvent en courant dès qu'elles apprennent à te connaître !

Régina était maintenant en colère elle aussi, elle contenait mal sa rage et son mépris pour cet homme qui n'envisageait le monde et l'avenir qu'autour de son nombril... pour cet homme dont la vanité avait bien failli venir à bout de la résistance mentale de Mélina, par son excellence en l'art de la manipulation et du chantage pseudo-affectif.
Régina avait été longtemps l'amie de Mélina, elle connaissait presque Nikolaï comme si elle avait vécu elle-même la moitié de sa vie avec lui, et elle était parfaitement consciente qu'il ne faisait pas partie des hommes que l'on pouvait prendre plaisir à aimer. Tout au plus pouvait-on admirer sa force de caractère et sa détermination, mais d'empathie : point !

Nikolaï restait terré dans son mutisme. Devait-il lui parler de Carolina ? Devait-il se taire ?
Ah, si Charles était là, il saurait quoi faire, lui...

-- Bon, Régina... Je dois y aller, j'ai un rendez-vous important !
Pour l'instant, tu vas continuer à assumer ta fonction et ta vie comme si de rien n'était, et je te ferai part de mes décisions avant la fin de la semaine.
Sur ce, je te souhaite une bonne fin de journée !

Nikolaï se leva et quitta la table et le petit salon sans autre regard porté à l'attention de Régina.

CHAPITRE 13

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