-- Oui ?... Entrez !

Nikolaï ouvrit la porte de la pièce dans laquelle Carolina avait été isolée. Toute cette agitation pour arriver enfin à ce moment-là !... Et pourtant, le plus difficile était peut-être encore à venir ,se dit Nikolaï en lui-même, car rien n'indiquait que Carolina serait heureuse de le voir. Il n'avait pas cessé de penser à elle depuis qu'il avait croisé son regard chez Horlando hier. Hier... seulement ?... On aurait dit que cela faisait des jours, des semaines, qu'il attendait cet instant. Le temps a ce pouvoir singulier de se distendre ou de se raccourcir dans les moments clés qui régissent nos vies...

Carolina leva la tête vers la porte, et ne cacha pas sa surprise de voir soudain apparaitre Nikolaï Sherkan en personne. Elle ne savait guère à quoi s'attendre depuis que le vol avait été interrompu, la situation semblant décontenancer tout le monde. Tout ce qu'elle avait compris, c'est que

son escapade américaine était drôlement compromise pour des raisons encore mal définies. Les passagers avaient été vaguement informés que l'appareil devait subir une fouille complète de toute urgence en raison d'un risque sanitaire majeur, qui nécessitait la prise de mesures d'urgence. La menace terroriste n'avait pas été explicitement évoquée avant que chacun des passagers n'ait été affecté à une "cellule" particulière afin d'y être examiné.

-- Madame Baroni, bonjour...

-- Monsieur Sherkan !... Quelle surprise, je ne pensais vous revoir aussi vite... ni en ce genre d'endroit...

Ce mot de "surprise" résonnait étrangement aux oreilles de Nikolaï. Il se sentait un peu usurpateur dans cette situation. Heureusement personne n'apprendrait jamais la vérité puisque seul Henri et lui étaient au courant. Ils avaient d'ailleurs fini par décider de ne rien dire à Charles de cette petite manoeuvre pour ne pas s'exposer à ses foudres de raison. Après tout, cette attaque terroriste inespérée sur un vol où se trouvait Carolina Baroni pouvait très bien être le fruit du hasard aussi, et qu'exploiter une telle opportunité n'avait rien de condamnable. Cette version conviendrait beaucoup mieux à l'esprit droit, et quelquefois étroit, de Charles. C'est vrai après tout, qu'y pouvait Nikolaï si le hasard le guidait si fort à la rencontre de Carolina ? Et comment pouvait-il lutter contre ?...

-- J'aurai certainement préféré vous revoir dans de meilleures conditions... Quelle histoire, hein ! En consultant la liste des passagers, j'ai vu que vous figuriez à l'embarquement de ce vol. Alors je me suis permis de vous rendre une petite visite. Si je peux faire quoi que ce soit pour vous, surtout n'hésitez pas à me le dire...

-- Eh bien,... Déjà... si je pouvais avoir quand je serai autorisée à sortir d'ici, ce serait une bonne chose. Ensuite, j'aimerais pouvoir passer un coup de téléphone. Il nous a été interdit d'utiliser nos téléphones portables dans l'enceinte de l'aéroport, et il a fallu qu'on les laisse avec nos bagages... Et enfin... je meurs de soif et de faim de plusieurs heures !!!

Nikolaï sourit béatement. Le charme de Carolina était bel et bien là et il opérait de nouveau sur lui. Elle portait un tailleur pantalon bleu pâle avec une chemise finement rayée, dans les tons bleu ciel, ce qui mettait bien ses yeux en valeur. Très sobrement maquillée, la simplicité lui allait comme un gant.

-- Vous savez ce qui s'est passé, non ? Est-ce que vous pouvez m'en dire plus ?... Vous savez, ils nous ont fait sortir de l'avion, puis nous ont isolé aux quatre coins de l'aéroport et tout ce que l'on nous a dit c'est que nous devions être examinés par un médecin... Le médecin a été très rassurant, mais je trouve que c'est un peu "juste" comme procédure...

-- Je vous comprends. En fait, on ne sait pas encore grand chose. Tout ce que l'on sait, c'est que des germes pouvant être dangereux, ont été intentionnellement introduits dans l'avion, et c'est la raison pour laquelle tous les passagers et membres d'équipage ont été placés en quarantaine, à titre préventif. Mais soyez rassurée, les premiers examens sont tout à fait bons, et les médecins pensent que tout risque de contamination sera définitivement écarté par un léger traitement antibiotique. Le principe de sécurité exige une surveillance cependant, et l'on vous demandera à tous de vous soumettre à un nouvel examen à l'hôpital de la Salpêtrière d'ici trois mois.

En attendant, vous allez regagner votre domicile très bientôt... Je... hem... je me suis permis de demander une autorisation de sortie pour vous, et je me propose de vous raccompagner à Paris pour me faire pardonner ce désagrément. Qu'en dites-vous ?

-- Pour vous faire pardonner ce désagrément ?... Mais Monsieur Sherkan, je sais bien que vous n'y êtes pour rien...

-- Certes... Je n'y suis pour rien, bien entendu, mais en voyant votre nom sur la liste des passagers, j'ai été vraiment désolé que vous ayez eu à subir cet incident. Et comme par ailleurs, je ne vous cache pas que j'avais très envie de faire plus amplement connaissance avec vous, je me suis dit que le hasard nous donnait cette occasion de bavarder un peu sur le chemin du retour vers Paris... Je suis un fervent adepte du hasard vous savez...

-- Hum... J'accepte volontiers votre offre. Mon voyage étant annulé, je suis totalement disponible aujourd'hui.

-- Dans ce cas, si vous êtes d'accord, nous pouvons partir dès maintenant. Ma voiture sera prête d'ici quelques minutes, nous nous éclipserons discrètement par les issues de secours, parce qu'il y a une foule de journalistes dans tout l'aéroport, et que je ne souhaite pas être importuné par leurs questions. Je vais demander à ce que vos bagages soient récupérés également.

Nikolaï sortit de la pièce et demanda au service de sécurité de faire transporter les effets de Carolina dans sa voiture, et d'acquitter toutes les formalités en vue de sa "sortie", puis de le faire prévenir quand tout serait prêt. Il les pria aussi de leur faire apporter deux plateaux repas et deux cafés.

-- Voilà ! Nous pourrons partir d'ici une demi heure environ je pense.

-- Je vous remercie beaucoup Monsieur Sherkan !

-- Je vous en prie, appelez-moi Nikolaï !

Carolina hocha la tête dans une moue d'acceptation. Puis le silence se fit. Malgré tout le cinéma que Nikolaï s'était fait dans sa tête, se tenir là devant Carolina l'impressionnait beaucoup, d'autant que ces circonstances particulières entrainaient un peu d'agacement et de stress de part et d'autre.
Carolina pour sa part, semblait surtout fatiguée d'être cloitrée dans cette pièce depuis plusieurs heures.

-- Vous vous rendiez à Los Angeles pour affaires ?

-- Non, pas exactement. J'allais rendre visite à un ami. Je suppose que l'information a été relayée jusque là-bas, mais j'aimerais quand même pouvoir l'appeler pour le rassurer moi-même !

-- Je comprends votre contrariété. Vous pourrez l'appeler dès que nous serons dans ma voiture, je vous le promets.

-- Je vous remercie de ce que vous faites pour moi, Nikolaï. C'est vraiment très gentil de votre part.

-- Mais c'est tout naturel. vous savez, Carolina, les amis de mes amis sont mes amis. Horlando m'a dit tellement de bien de vous, et c'est une personne que j'apprécie beaucoup. A dire vrai, il n'a pas tari d'éloges à votre égard hier après votre départ. Aussi, quand j'ai vu votre nom tout à l'heure sur la liste des passagers, je n'ai pas hésité.

-- Votre femme n'était-elle pas à bord de cet avion elle aussi ?

-- Oui, en effet ! Ma femme prenait également ce vol. C'est d'ailleurs une des raisons qui ont motivé mon déplacement ici.

-- Elle rentrera avec nous alors ?

-- Hem...non ! Mélina a du partir en urgence par un autre vol. Une équipe médicale l'accompagne pour le cas où, mais... comment dire... elle avait une mission qui ne pouvait pas attendre à Los Angeles, mais je vous prie de m'excuser, je ne peux pas vous en dire plus.

-- Oh, je comprends très bien !... Pardonnez ma curiosité. Je me doute bien que la Première Dame de France a des obligations et des responsabilités...

La porte s'ouvrit et un agent de service apporta les plateaux repas et les cafés que Nikolaï avait commandé. Pour tout dire, on était loin d'un déjeuner à la Tour d'Argent, et la cellophane qui recouvrait les assiettes anglaises n'engageait pas réellement l'appétit... néanmoins, l'intention y était.

-- Merci beaucoup ! Faites-moi prévenir dès que nous pourrons partir !

-- Naturellement, Monsieur Sherkan !

-- J'ai pensé que vous deviez avoir faim, mais je suis désolé de vous convier à une telle pitance, Carolina...

-- Ne vous en faites pas, cela ira très bien !

Carolina et Nikolaï commencèrent à déshabiller leurs assiettes, puis attaquèrent ce frugal repas. ils échangèrent quelques banalités sur la qualité nutritionnelle des plateaux repas servis dans les avions, se racontèrent quelques souvenirs des pires et des meilleurs repas qu'on leur avait servis. Finalement, ils se mirent à bavarder d'une façon assez naturelle, presque comme deux amis qui déjeunent ensemble sur le pouce pendant la pause méridienne, avant de retourner chacun, vaquer à ses occupations.
L'atmosphère se détendait, et Carolina semblait apprécier la compagnie de Nikolaï. Au moment du café, tous deux semblaient plutôt décontractés.

Enfin, un agent de sécurité vint annoncer que les bagages de Carolina avaient été récupérés et que la voiture les attendait pour partir. Carolina saisit les bagages à main qu'elle avait pu conserver avec elle, et tous deux se dirigèrent par d'interminables couloirs vers la sortie de l'aéroport.
Carolina était un peu plus grande que Nikolaï, et quand il observa leurs ombres, avec les déformations que ces dernières opèrent toujours sur les silhouettes, on eut dit celles de Laurel et Hardy... Arrivés à la voiture, ils s'installèrent à l'arrière et en quelques minutes, l'aéroport ne fut plus qu'un souvenir.

-- Parlez-moi un peu de vous, Carolina...

-- De moi ?... Que pourrais-je vous dire ?

-- Horlando m'a dit que votre objectif actuel était de vous faire connaître en tant que chanteuse...

-- En effet. J'ai terminé ma carrière de modèle depuis quelques temps déjà, même s'il m'arrive encore de poser quelquefois par ci par là. La musique a toujours été ma passion. J'aime composer, écrire... et bien sûr chanter !

-- J'ai écouté votre premier album hier, et...

-- Vraiment ?

-- Oui ! Je l'ai écouté parce que j'avais envie de savoir quel genre de musique vous composiez. Horlando avait été si élogieux que je ne voulais pas passer à côté de quelque chose....

-- Et alors ? Qu'en avez-vous pensé ?... Vous avez aimé ?

-- C'est peu de le dire... Je vais vous dire la vérité Carolina, j'ai été absolument sous le charme de votre voix et de votre charisme... Il se dégage une sorte d'atmosphère intimiste auquel je n'ai pas su résister.

-- Vous dites ça pour me flatter, Nikolaï !

-- Non, je vous assure. Pour ce qui me concerne, je pense sincèrement que vous avez l'étoffe d'une star, il n'y a pas le moindre doute. Je ne dis pas ça pour vous faire plaisir !

-- Je vous remercie. Mais, vous savez. ce que c'est dans ce métier... ce n'est pas toujours le talent qui triomphe. Il faut connaitre les bonnes personnes, être au bon endroit au bon moment...

-- Peut-être que je pourrais vous aider à rencontrer les bonnes personnes... et pour ce qui est d'être au bon endroit au bon moment, il me semble que nous en avons déjà eu deux expériences ensemble, non ?

-- Assurément, nos deux rencontres témoignent d'un penchant certain pour l'opportunisme... Vous connaissez beaucoup de gens dans le milieu de la chanson ?

-- Ah, oui et non... Disons que parfois, il n'est pas utile de connaitre beaucoup de gens... à partir du moment où beaucoup de gens vous connaissent... si vous me suivez bien...

-- Je comprends ce que vous voulez dire. Toutefois dans mon cas personnel, beaucoup de gens me connaissent... mais pas en tant que chanteuse. Et, je dois avouer que mon image de mannequin me ferme de nombreuses portes, aussi paradoxal que cela puisse paraitre. Ce milieu est souvent vu comme une ensemble de filles très belles mais sans cervelles, ce qui, je vous le confirme, est tout de même assez juste... Mais fort heureusement, il y a toujours des exceptions pour confirmer la règle...

-- Et vous en êtes la parfaite illustration !

Carolina sourit à Nikolaï d'un air entendu. Elle le voyait arriver doucement avec ses gros sabots et ses plans d'avenir tout tracés pour elle, mais Carolina était une habituée des jeux de séduction à son égard, et elle avait la capacité de parer à toutes les attaques si elle le souhaitait. Cependant, dans le cas présent, le souhaitait-elle ?...
Nikolaï lui était sympathique. Elle le trouvait d'une simplicité assez inhabituelle, et en décalage total avec l'image qu'elle s'était faite de lui au travers des médias. Ceci dit, elle avait bien conscience de l'écart existant entre ce que pouvaient traduire les journaux et la réelle personnalité des gens pour l'avoir elle-même largement éprouvé. Elle était donc prête à remettre en question toutes ses idées reçues à l'égard de Nikolaï, et à lui donner sa chance.

Nikolaï, de son côté, se sentait très bien en compagnie de Carolina. Il ne savait pas jusqu'où il pouvait lui présenter ses projets sans risquer de l'effaroucher. L'endroit n'était peut-être pas idéal, et il était encore un peu tôt. Peut-être devait-il attendre quelques jours pour la tester un peu... Pourtant, il se sentait si bien qu'il avait réellement envie de tout lui dire...

-- Vous savez quoi, Carolina ?

-- Non...

-- Vous m'êtes très sympathique ! Vraiment, très sympathique... Je suis heureux que nous nous soyons rencontré hier... puis ici aujourd'hui, et j'aimerais vous invité à déjeuner ou à diner le plus tôt possible... pour me faire pardonner les plateaux repas de tout à l'heure...

-- Eh bien, pourquoi pas ?... Après tout, il faut savoir tirer parti de toutes les situations. Ne dit-on pas que le hasard fait toujours bien les choses ?... Enfin... le hasard, moi je n'y crois pas beaucoup, vous savez....

-- Ah oui ? Vous ne croyez pas au hasard ?

-- Je pense que le hasard, c'est nous qui le provoquons sans en avoir toutefois conscience... et parfois même sans le vouloir

-- Continuez, votre point de vue est intéressant !

-- Je vais vous avouer quelque chose Nikolaï...

Carolina baissa les yeux un instant, puis les replanta dans ceux de Nikolaï en souriant.
-- Vous pensez que c'est le hasard qui nous a réuni chez Horlando hier, n'est-ce pas ?... Et que c'est encore le hasard qui nous a réuni ici aujourd'hui, non ?... C'est bien cela que vous pensez, Nikolaï ?

-- Oui, c'est ce que je pense. Il n'y a pas d'autre explication... à ma connaissance en tous cas...

-- Eh bien, moi je pense qu'il n'en est rien ! Le hasard n'est qu'en parti responsable de notre rencontre. Il y a très longtemps que j'avais envie de faire votre connaissance. Pour ce qui est de l'aéroport, oui, on peut dire que c'est le hasard. Personne ne pouvait prévoir qu'une aventure de ce genre allait arriver. C'est assez peu commun que les avions soient cloués à leurs terminaux de départ à cause d'une attaque terroriste.

-- Evidemment !

-- Mais pour ce qui est d'hier... Pour ce qui est d'hier, le hasard n'avait rien à y voir. Horlando m'avait déjà dit, il y a longtemps que vous étiez très liés, lui et vous, et il vous porte une grande estime. Quand je l'ai appelé hier en début d'après midi, il m'a dit que vous lui rendriez visite vers cinq heures. aussi lui ai-je demandé si je pouvais passer prendre le thé un peu avant dans l'espoir que nous nous croiserions...

Nikolaï ne s'attendait pas à un tel aveu de la part de Carolina. Ainsi, elle s'intéressait à sa personne... voilà qui était plutôt très agréable à entendre, et pouvait augurer d'une suite favorable... Néanmoins, Nikolaï n'osa pas lui avouer sa propre manipulation du hasard... Il ne voulait pas risquer de l'effrayer...

-- Et qu'est-ce qui fait que vous aviez tellement envie de me rencontrer ?... Si je ne suis pas trop indiscret...

-- Je ne partage pas vos idées politiques, vous le savez peut-être, mais d'une part je ne connais pas grand chose à la politique, et d'autre part, je sais que vous n'êtes pas qu'un personnage public. La façon dont Horlando parle de vous, montre que vous êtes aussi une personne douée d'une intelligence pointue, et votre franc parler qui choque souvent lors de vos interventions, me fait penser que vous avez une grande sensibilité...

-- Cette fois, c'est à mon tour de penser que vous cherchez à me flatter ...

-- Pas du tout ! Vous me posez une question et j'y réponds : voilà tout !

-- Je plaisantais Carolina... Sachez que vos paroles me vont droit au coeur.

Nikolaï était sur un petit nuage, qui flottait sur le périphérique. La circulation était plutôt fluide et pour une fois, Nikolaï aurait même préféré mettre deux heures pour rentrer à Paris, tant les minutes s'écoulaient délicieusement dans cette berline noire.

-- Alors ?

-- Alors quoi ?

-- C'est oui ou c'est non pour cette invitation à diner ?

-- C'est oui, j'accepte avec plaisir.

-- A vingt heures ce soir, puisque vous m'avez dit que vous étiez totalement disponible aujourd'hui ? De mon côté, du fait de l'incident de Roissy, tout mon programme de la journée a été annulé, ce serait vraiment bête de ne pas profiter de nos deux disponibilités, non ?... Sauf évidemment, et je pourrais très bien le comprendre, si tous ces évènements vous ont fatigué, et que vous préfériez rester tranquillement chez vous ce soir...

-- Il est vrai que j'ai eu pas mal d'émotions aujourd'hui... et que je me sens un peu fatiguée... Mais tout dépend de ce que vous me proposez comme diner, si l'endroit n'est pa strop éloigné, ni trop bruyant...

-- Et si... je vous invitais chez moi ?... Enfin à mon bureau je veux dire, pour une réception privée ?... Nous pourrions déguster les bons petits plats de mon cuisinier personnel, et nous ne souffririons pas du bruit. Qu'en pensez-vous ?...

-- L'idée est séduisante Nikolaï... En plus, je vais vous avouer autre chose : j'ai toujours rêvé de visiter l'Elysée...

-- Alors acceptez... et j'envoie une voiture vous chercher pour vingt heures en bas de chez vous...

-- Eh bien... c'est d'accord, je serai prête à vingt heures !

La voiture s'engageait déjà sur le faubourg Saint Honoré, Nikolaï ayant demandé à Christian de le déposer avant de raccompagner Carolina chez elle.

-- Pour l'heure, je vais devoir vous abandonner là Carolina, nous arrivons à la hauteur de mon humble demeure temporaire... Je tenais à vous dire que j'ai passé un merveilleux moment avec vous, et j'ose espérer que c'est réciproque.
A ce soir donc...

-- Merci Nikolaï ! A ce soir alors...

Nikolaï quitta la berline, non sans avoir déposé un léger et discret baiser sur la main de Carolina, et il s'engouffra rapidement sous le porche. La voiture redémarra sans hâte vers l'appartement de Carolina, place Saint Sulpice.
Carolina restait assez partagée quant à cette rencontre opportune. En fait, elle ne savait pas trop quoi penser de Nikolaï, mais elle savait que son actuel statut de président pouvait éclairer différemment sa carrière, aussi avançait-elle à pas prudents dans une direction qu'elle n'avait pas encore définie complètement. Le hasard l'avait mené jusqu'à lui, nul doute qu'il devait y avoir un sens caché des choses qu'elle finirait bien par découvrir...
Dans tous les cas, pour l'instant, Carolina trouvait que les choses se présentaient bien, et qu'elle en saurait certainement plus au cours du diner de ce soir quant aux intentions de Nikolaï à son égard. Parce que... pour agir de la sorte avec elle, il fallait bien qu'il ait quelque idée derrière la tête... L'attention gratuite et désintéressée d'un homme à l'égard d'une jolie femme est une illusion que Carolina avait intégré depuis belle lurette...

CHAPITRE 7

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